
La Mission permanente du Chili auprès des Nations Unies et le Bureau régional des Amériques de l’Alliance coopérative internationale (ACI Amériques) ont organisé une conférence conjointe au siège des Nations Unies à New York afin de mettre en valeur la contribution des coopératives dans les Amériques.
Intitulé « Les coopératives des Amériques au service de la justice sociale, du travail décent et de la démocratie économique : pour un engagement mondial » cet événement s’inscrivait dans le cadre du Forum de haut niveau des Nations Unies sur le développement durable et a permis de favoriser la collaboration entre le système des Nations Unies, les coopératives, les gouvernements et les organisations internationales.
Dans son discours d’ouverture, Danilo Salerno, Directeur régional d’ACI Amériques, a qualifié cet événement d’étape historique car c’était la première fois que Coopératives des Amériques organisaient directement une activité de ce type au siège des Nations Unies. Organisé sous l’égide officielle de l’Année internationale des coopératives 2025, cet événement a réuni des dirigeants gouvernementaux, des représentants des Nations Unies et d’éminentes voix coopératives régionales afin de mettre en avant la pertinence mondiale du mouvement.
Définissant le cadre des discussions, Joseph Njuguna, Directeur des politiques à l'ACI, a expliqué que ce forum politique de haut niveau se tenait à un moment crucial, alors que le monde approchait de la dernière ligne droite de l'agenda 2030 pour le développement durable.
« Alors que nous nous préparons au deuxième Sommet social mondial qui se tiendra à Doha en novembre prochain, la discussion d'aujourd'hui constitue une étape importante pour définir comment les coopératives peuvent façonner l'avenir des cadres mondiaux de développement social. »
« Que la discussion d'aujourd'hui nourrisse une nouvelle collaboration entre les coopératives, les agences des Nations Unies, les gouvernements et les organisations internationales, et nous vous invitons tous à dialoguer avec les coopératives, à les écouter, à écouter leurs innovations et à collaborer avec elles pour bâtir des économies solidaires et durables » a-t-il ajouté.
L'Ambassadrice Paula Narváez Ojeda, représentante de la Mission permanente du Chili auprès des Nations Unies et Coprésidente du Comité régional des Parties alliées pour l'Année internationale des coopératives dans les Amériques, a ensuite pris la parole.
Mme Narváez Ojeda a décrit les efforts déployés par le Chili pour développer le mouvement coopératif, notamment par la création de l'Institut national des associations et du coopératisme (INAC) qui relie les institutions publiques et le secteur privé afin de promouvoir les coopératives.
Ces mesures ont contribué à une croissance de 10 % du mouvement coopératif au Chili, avec près de 2 000 nouvelles coopératives créées entre août 2023 et août 2024.
« Continuons à travailler ensemble, des Amériques au monde entier, pour que le coopératisme soit reconnu comme une force transformatrice et un acteur indispensable à la construction d'un développement durable et de justice sociale » a-t-elle déclaré.
L'Ambassadeur Norberto Moretti, représentant adjoint à la Mission permanente du Brésil auprès des Nations Unies, a également pris la parole pour décrire le rôle des coopératives en tant qu'acteurs stratégiques dans la construction de modèles économiques inclusifs au Brésil. Ainsi, les coopératives sont intégrées dans les politiques visant à stimuler la transformation sociale et économique, comme le Programme national de renforcement de l'agriculture familiale (Pronaf).
« Les coopératives sont au cœur de ces efforts visant à réduire la pauvreté en milieu rural » a-t-il déclaré.
Par l'intermédiaire de l'Agence brésilienne de coopération, les coopératives du pays soutiennent également des projets de coopération technique dans les pays du Sud.
Le Président de l'ACI, le Dr Ariel Guarco, s'est adressé à la réunion par message vidéo, évoquant la reconnaissance croissante du modèle coopératif et leurs contributions aux ODD.
« Il est véritablement encourageant de constater comment, dans les Amériques, nous promouvons ce message et approfondissons le programme coopératif en étroite collaboration avec les gouvernements et les institutions internationales, le tout dans le but de bâtir un continent et un monde marqués par la justice sociale, le travail décent et la démocratie économique, entre autres objectifs. Dans cet esprit, je vous exhorte à poursuivre notre collaboration, en tirant parti de la dynamique de cette Année internationale des coopératives » a-t-il ajouté.
L'événement s'est poursuivi par une session explorant les contributions des coopératives au travail décent et à l'économie des soins (ODD n° 3, ODD n° 5 et ODD n° 8), animée par Andrés Alejandro Borlone Díaz, Premier Secrétaire de la Mission permanente du Chili auprès des Nations Unies.
« Nous savons que les coopératives ne sont pas seulement des agents économiques, elles sont aussi des agents de transformation » a déclaré Fabíola Silva Nader Motta, Directrice générale de Sistema OCB (Brésil).
À l'occasion de la COP30, la Conférence des Nations Unies sur le climat qui se tiendra en novembre à Belém au Brésil, OCB s'efforce de positionner le modèle coopératif comme un acteur essentiel pour la réalisation des objectifs climatiques mondiaux.
« Nous invitons la communauté internationale à devenir nos partenaires stratégiques dans l'action climatique. Nous ne souhaitons pas être privilégiés mais que les coopératives soient incluses dans les politiques nationales et internationales et que leur voix soit entendue » a déclaré Mme Silva Nader Motta.
Le Dr Dardo González, Président de la coopérative Sanatorio Americano (Uruguay), a ensuite évoqué le rôle des coopératives de santé dans son pays. Avec 35 cliniques et 1 900 employés, Sanatorio Americano est devenu une référence en matière d'interventions médicales très complexes, réalisant 36 % des interventions cardiologiques en Uruguay.
« Nous sommes convaincus de contribuer aux ODD en garantissant une vie saine et en promouvant le bien-être de tous. »
Une autre session, animée par Andrew Allimadi, Coordinateur des affaires coopératives au DAESNU et Coordinateur du COPAC (Comité pour la promotion et le progrès des coopératives) a exploré la contribution des coopératives au développement humain et à la justice sociale (ODD n° 5 et ODD n° 17).
Faisant référence au Rapport social mondial des Nations Unies, M. Allimadi a expliqué que celui-ci révélait des tendances inquiétantes et notamment, l'accroissement des inégalités, la fragmentation des sociétés, la désillusion des jeunes et le manque de confiance envers les institutions, notamment envers les Nations Unies.
« Nous nous trouvons donc dans une situation très difficile et, dans ce contexte, nous sommes tous d'accord pour dire que les coopératives revêtent une importance encore plus grande » a-t-il déclaré.
Le Dr Ana Beatriz Riquelme Estigarribia, Présidente de la Confédération coopérative du Paraguay – CONPACOOP (Paraguay), a souligné l'importance d'inclure les coopératives dans les programmes scolaires.
« Le Paraguay redouble véritablement d'efforts et investit dans l'éducation. Nous sommes convaincus que chaque pays doit s'engager à long terme en faveur de l'éducation. Dans ce contexte, à travers les Amériques, il est important que nous partagions nos initiatives dans ce domaine. Ce faisant, nous pouvons apprendre les uns des autres et adopter les meilleures pratiques au sein du secteur coopératif », a-t-elle déclaré.
Cornelius Blending, Président de la Fédération des coopératives du Sud, membre de la NCBA CLUSA (États-Unis), a expliqué comment son organisation est née de la nécessité des agriculteurs noirs de vendre à des prix équitables.
« Nous possédons et contrôlons conjointement 1 300 acres de terres » a-t-il déclaré.
« Nous sommes impatients de travailler avec cette délégation, avec de nombreuses personnes présentes dans cette salle, avec différents pays, et de déterminer comment nous allons partager les ressources, surtout à l'heure actuelle, où nous avons vu nos ressources diminuer de la part de notre gouvernement et de plusieurs gouvernements. Or, le modèle coopératif n'a jamais été basé sur un gouvernement, je pense que tout repose sur la coopération entre les coopératives (principe 6) et sur la façon dont nous interagissons les unes avec les autres. »
Lors d'une troisième et dernière session consacrée à la démocratie économique (ODD n° 17), M. Pedro Morales, Directeur général de la Coopérative de crédit Riobamba (Équateur), a décrit les défis auxquels sont confrontées les coopératives dans son pays, où un récent décret gouvernemental oblige certaines coopératives d'épargne et de crédit à se transformer en banques.
Les coopératives de crédit et d'épargne représentent 30 % des actifs et de l'épargne des services financiers en Équateur et sont l'un des acteurs clés du secteur.
« Nous aimerions demander à tous nos amis, à tous les dirigeants de l'ACI et de l'ONU qui promeut cette économie sociale, d'écrire à notre gouvernement national pour lui demander de retirer le décret pour que nous puissions poursuivre nos activités coopératives et renforcer notre système » a-t-il déclaré.
En conclusion des discussions, le Dr José Alves de Souza Neto, Président d'ACI Amériques, a exprimé le souhait que cet événement donne le ton à de futurs engagements.
« Il doit s'inscrire dans notre démarche de continuité. Nous souhaitons instaurer un dialogue permanent entre le système des Nations Unies et les coopératives des Amériques. Nous voulons être présents dans les forums internationaux avec notre voix, nos données, nos expériences et nos solutions. Nous souhaitons que les mécanismes de gouvernance mondiale examinent de plus près ce que nous sommes, ce que nous faisons et ce que nous pouvons construire ensemble. C'est avec humilité que je dis que l'Agenda 2030 a besoin des coopératives, et qu'après 2030, le monde aura encore plus besoin de nous. Je vous remercie tous » a-t-il conclu.
L'enregistrement de l'événement est disponible ici.