L'avenir du travail appartient-il réellement aux jeunes ?

13 Dec 2017

Le 15 novembre, la CICOPA, l'organisation sectorielle de l'ACI pour l'industrie et les services, a organisé un atelier à Kuala Lumpur intitulé « Nous sommes l'avenir de l'emploi ! », lequel constitue l'une des activités clés de la campagne WE OWN IT! sur l'entrepreneuriat coopératif des jeunes.

Six coopérateurs, jeunes et moins jeunes, ont discuté des défis qui se posent aujourd'hui au mouvement coopératif : comment attirer davantage de jeunes et garantir une transmission intergénérationelle entre les coopérateurs âgés et les jeunes coopérateurs ? Plus de 30 personnes, issues de 12 pays différents, ont participé à l'atelier.

Les coopératives gérées par des étudiants ont été abordées et illustrées par des exemples venant de France (Solidarité étudiante) et d'Indonésie (Kopindo). Elles se caractérisent par leur indépendance et leur nature démocratique, et mettent ainsi les processus de contrôle aux mains des jeunes, ce qui leur permet d'être leurs propres chefs et de défendre leurs intérêts. Elles sont souvent le théâtre d'expériences sociales dans lesquelles les jeunes créent des synergies afin de lutter contre les emplois précaires et en faveur d'un salaire juste (par exemple la plateforme coopérative de chauffeurs de cyclo-pousse en Indonésie ou Cyclocoop en France).

La question de la transmission intergénérationnelle et de la solidarité entre les anciens coopérateurs et les jeunes coopérateurs a également été discutée lors de l'atelier. Par nature, les coopératives disposent d'outils pour procéder à cette transmission (par exemple des réserves indivisibles, la gouvernance démocratique), et pourtant les jeunes coopérateurs rencontrent encore des difficultés s'ils souhaitent participer à la direction d'une coopérative. La formation, l'autonomisation et la transmission du pouvoir doivent être améliorées si nous voulons renforcer l'autonomie de jeunes. Plusieurs initiatives existent déjà, comme une collaboration avec des universités pour obtenir une « auto-certification » en France, ou des projets comme COOPUP et Di mano in mano, en Italie, qui promeuvent la solidarité et la réciprocité entre les coopérateurs, jeunes et anciens.

Dans une société où prime la loi des anciens, comme au Japon, le mouvement des coopératives de travailleurs contribue à maintenir une relation démocratique entre les différentes parties impliquées, dont les jeunes. Par exemple, au Botswana, les jeunes participent à la modernisation des coopératives, mais pour aller plus loin, ils ont besoin d'un soutien, lequel prend la forme d'une formation ou d'un mentorat.

La question de « l'identité des jeunes » a également été abordée lors de l'atelier : les jeunes doivent définir ce qu'ils ont en commun afin de pouvoir prendre des initiatives efficaces. La citoyenneté économique peut constituer l'un des aspects de cette identité. Créer des alliances avec des organisations de jeunes et identifier des combats communs est essentiel pour les jeunes coopérateurs qui souhaitent jouer un rôle dans la transformation de la société.

L'une des conclusions de l'atelier était que quelle que soit l'origine de ce « plafond de verre pour les jeunes », qu'il s'agisse d'un problème générationnel ou d'un problème général du mouvement coopératif, il doit être résolu, dans l'intérêt du mouvement dans son ensemble. En effet, le mouvement ne pourra se renouveler ou avoir d'avenir sans les jeunes.

Photo: l'atelier à Kuala Lumpur intitulé « Nous sommes l'avenir de l'emploi !

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